La Grande-Bretagne est au sommet de sa puissance, elle fixe sa politique internationale autour de l’accroissement de ses richesses et de l’équilibre des pouvoirs en Europe : la Grande-Bretagne d’après 1815 sort grandie de sa victoire sur Napoléon. A présent, plus personne ne peut égaler ses capacités économiques (capacités et techniques de production, large réseau commercial, etc.) et sa puissance militaire (la plus grande flotte mondiale, des compétences militaires hors normes prouvées contre les armées françaises, des têtes de pont réparties sur tout le globe grâce aux colonies, etc.).
Le gouvernement britannique veut conserver cet avantage, pour cela il cherche tout d’abord à préserver l’équilibre des forces en Europe de manière à ce que celles-ci s’annulent entre elles : il encourage la reconstruction de la France pour bloquer l’expansion politico-économique autrichienne, il aide la Turquie à contrecarrer les avancées russes, etc.
De plus, le gourvernement recherche aussi à continuer d’accroître ses performances économiques et il veut contrôler tout le marché commercial mondial (sa flotte est partout et son empire s’est étendue avec les prises françaises durant les guerres napoléoniennes).
Le rôle du monarque britannique passe de gouverneur à celui d’icône nationale : la reine Victoria commence son règne en 1837 pour s’éteindre en 1901, c’est elle qui accompagne tout le royaume et ses réformes durant le XIX° siècle et qui, par son mariage avec le Prince Albert de saxe-Coburg, amène la lignée des Saxe-Coburg en Grande-Bretagne . Beaucoup de politiciens de l’époque pensent (et espèrent) qu’elle sera la dernière souveraine mais la Reine Victoria comprend que la monarchie doit s’adapter aux temps modernes (révolution industrielle, prise de pouvoir par les middle-class au détriment de l’aristocratie, etc.) et qu’elle n’est pas incompatible avec la démocratie qui se met en place progressivement en Grande-Bretagne. Elle lâche le pouvoir aux premiers ministres comme l’ont fait ses prédécesseurs depuis Robert Walpole mais évolue avec son temps (elle s’intéresse aux affaires courantes de son pays, aux évolutions techniques, etc.), elle va même plus loin en publiant en 1868 son journal intime « Our life in Highlands » dans lequel elle raconte sa vie et ses relations intimes avec le roi, ses enfants et ses servants. Ainsi, avec la reine Victoria, le rôle du souverain britannique est passé de celui de roi détaché du peuple et sans pouvoir (car cédé au premier ministre depuis R. Walpole) à celui d’icône de la nation.
La reine Victoria en 1887
L’empire colonial britannique s’agrandit encore et prépare sa chute au XX° siècle : les politiciens britanniques reprennent à partir du XIX° siècle l’expansion coloniale qu’ils avaient arrêtée avec la guerre d’indépendance des Amérique à la fin du XVIII° siècle. Ils le font non plus pour des raisons marchandes comme ce fut le cas auparavant mais pour des raisons politiques : ils craignent pour la sécurité de leur empire (c’est une guerre préemptive). C’est pourquoi les armées britanniques interviennent en Turquie contre l’empire Russe pour bloquer l’avancée de ce dernier en 1854, se lancent dans une guerre en Afghanistan entre 1838 et 1842 toujours pour bloquer la Russie, prennent le contrôle du canal de Suez par la force lors de l’indépendance de l’Egypte, déclenchent les guerres de l’opium en attaquant la Chine en 1839 pour protéger la zone d’influence commerciale autour de l’inde (commerce de l’opium) et prétextent de la christianisation pour se partager avec les autres puissances coloniales européennes une partie de l’Afrique.
L’empire colonial britannique est aussi utilisé pour réguler la hausse de la démographie dans la mère patrie : la population augmente tant en Angleterre, Irlande, Ecosse et Pays de Galles que beaucoup d’offres sont faites à ceux qui acceptent de partir vivre dans une colonie (appropriation de terres).
Toutefois, cet afflux massif de population et la rancoeur que gardent les autochtones des massacres menés par l’armée britannique lors des colonisations mettent en péril la stabilité de l’empire. Pour la première fois, l’empire pèse plus qu’il ne rapporte à la couronne.
L’empire britannique en 1897
Le début du XIX° siècle est marqué par une crise sociale et des révoltes ouvrières nationales, la politique réformiste de Robert PEEL éloigne définitivement le spectre d’une révolution à la française : au début du XIX° siècle, le pays connaît une intensification des mauvaises conditions de vie des classes sociales les plus pauvres. Tout d’abord avec un chômage de masse (avec la fin des guerres napoléoniennes plus de 300’000 ouvriers perdent leur emploi du jour au lendemain car celui-ci était lié directement à l’armée), puis avec le développement des parish worhouses (c’est la première alternative aux expulsions causées par les enclosures mais ils sont sales, bondés, avec des journées de travail de plus de 12h et des familles divisées), puis avec l’explosion des populations urbaines (c’est la seconde alternative aux expulsions causées par les enclosures, l’exode vers les villes pour trouver un travail en usine) et enfin avec la hausse des prix du pain causée par la Corn Law de 1815 (loi qui voit augmenter le prix du blé avec la hausse de la démographie car les importations sont fortement taxées, ceci dans le but de protéger les exploitants agricoles de la concurrence européenne).
Les classes les plus riches ont peur de ce phénomène de paupérisation car il est source de révoltes et de remise en cause de l’ordre établi, les villes anglaises deviennent des zones dangereuses à cause de la misère qui y grandit. Les Whigs qui s’affrontent politiquement sur ce sujet avec les Tories profitent de leur prise de pouvoir en 1832 pour passer plusieurs lois afin de diminuer les tensions (dont la plus importante est The Reform Bill : la population urbaine grandissante est enfin prise en compte politiquement par un redécoupage administratif des votants, des villes comme Manchester sont enfin représentées dans la chambre des communes) mais les résultats sont peu fructueux et à partir de 1834 de grandes révoltes nationales des classes les plus pauvres apparaissent.
Deux phénomènes donnent les moyens aux classes populaires de mieux se défendre au début du XIX° siècle : en 1824 les salariés sont autorisés à se réunir en Unions et en 1840 le timbre poste à bax prix (1 penny, ce qui permet aux groupuscules de fomenter des mouvements de révoltes simultanément dans tout le royaume). Conséquences, en 1834 plus de 30’000 personnes se rassemblent à Londres pour défendre 6 ouvriers agricoles et en 1838 les radicaux, les unions et les travailleurs demandent la création de la People’s Charter (droit de vote pour tous les adultes, vote au secret, possibilité de devenir MP sans possession de bien, etc. ; cette demande a été annulée par les commons). En 1939, les émeutes se poursuivent avec l’exécution de 14 manifestants par les soldats du roi et ce n’est que grâce à l’arrivée de Robert Bob Peel en 1840 à la tête du gouvernement que les évènements s’atténuent (Peel est un Tory qui va à l’encontre des idées politiques de son parti politique à cette époque, il représente très bien le style politique de cette époque).
Robert Bob Peel réussit à ramener le calme en Grande-Bretagne en seulement 8 ans, il s’appuie pour cela sur deux politiques majeurs : (1) la suppression de la Corn Law de 1815 et (2) la création d’une police régulière pour lutter contre la délinquance urbaine, ce sont les bobbies de Sir Robert « Bob » Peel.
L’action de Sir Robert Peel est significative de sens car en abolissant la Corn Law de 1815 il signifie que le gouvernement privilégie pour la première fois les salariés (les non-possédants ou les classes sociales les plus pauvres) au détriment des grands agriculteurs britanniques (les possédants). En 1848, la Grande-Bretagne s’est totalement détachée du spectre de la révolution française, les monarques européens envient le roi anglais et le pays retrouve de la grandeur politique qu’il avait perdu avec la révolution française et la guerre d’indépendance américaine.
Sir Robert Peel, premier ministre
Anti-corn low league
Victorian bobbies
Le système de gouvernance britannique s’articule autour du premier ministre, les partis évoluent avec les idées et la représentativité du parlement commence à se démocratiser, le droit de vote est étendu : les idées évoluent beaucoup au XIX° siècle en Grande-Bretagne. A titre d’exemple, en 1828 et 1829 il devient de nouveau possible pour des catholiques et des non-conformistes de rentrer au service de l’Etat et, en 1851, une enquête montre qu’il n’y a plus que 5.2 millions de personnes qui sont anglicanes contre 4.5 millions de non-conformistes et un demi-million de catholiques. Les politiciens comprennent alors que l’assouplissement des échanges commerciaux et la réforme sociale et politique du pays est nécessaire pour accélérer le développement des middle-class créatrices de richesses. On appelle cela du libéralisme et les whigs, qui sont les plus aptes aux réformes, prennent le nom de « Liberals », en opposition aux Tories qui deviennent les Conservatives.
La politique du XIX° siècle est aussi marquée par le renforcement du pouvoir du premier ministre : dans un premier temps vis-à-vis du monarque et dans un second temps contre son propre parti politique. De grandes figures, plutôt indépendantes de leur mouvement politique d’appartenance, apparaissent comme Lord Canning en 1823 (Tory, il utilise la marine pour endiguer le commerce espagnol notamment en Bolivie en soutenant Simon Bolivar), puis Sir Robert Peel et enfin Lord Palmerston de 1846 à 1865 (Liberal, qui prône le libre commerce et l’équilibre des pouvoirs en Europe qu’il concrétise par son aide à l’indépendance grecque). Il faudra attendre la nouvelle génération de politiciens avec Glastone et Bejamin Disraeli pour trouver une certaine forme de fidélité au parti d’appartenance.
Enfin, la vie politique britannique est quelques fois bousculée au XIX° siècle et se démocratise : la réforme de 1832 (prise en compte des populations urbaines dans les votes des MPs) fait augmenter le nombre de députés et fait évoluer le profil des MPs de propriétaires terriens à celui d’industriels ou de marchands, les actes passés entre 1867 et 1884 augmentent qu’en à eux le nombre de votants de 20 à 60% dans les villes et jusqu’à 70% dans les campagnes (il y a jusqu’à 650 membres dans la House of commons), puis, en 1872, le vote secret est enfin autorisé. Tout ceci conduit à la démocratisation et à l’accroissement du pouvoir de la chambre des communes au détriment de celle des Lords.
Dans les Counties, la gestion du pouvoir se démocratise : le pouvoir passe des mains des JPs à celles des Councils qui sont composés d’hommes et de femmes élues. Des postes d’administrateurs sont créees.
Les « Liberals » et le roi Georges V entreprennent les premières mesures sociales vers 1900, naissance du Welfare-State : toujours dans un esprit libéral, les libéraux cherchent à améliorer les conditions sociales des britanniques en votant plusieurs lois majeures qui seront les premières bases du « Welfare State« .
(1) En 1907, un programme de santé publique des enfants voit le jour par le biais des repas gratuits dans les écoles.
(2) En 1909, le « Labour Exchanges » est ouvert (sorte de bourse au travail).
(3) En 1911, création de la « national insurance » qui aide les malades et les chômeurs.
Toutes ces mesures n’auraient su voir le jour sans l’intervention du roi Georges V qui mit un terme aux blocages législatifs issus du parti conservateur par le biais de la chambre des Lords.
Le roi Georges V du Royaume-Uni
La tentative de réforme des chambres conduit à la création du « Labour Party » en 1906 : les libéraux souhaitent supprimer la chambre des Lords qui n’est plus représentative à leurs yeux des réalités politiques de l’époque. La querelle entre les libéraux et les conservateurs aura deux conséquences.
La première, en 1906, sera la rémunération des MPs pour leur activité politique ; autrement dit, l’activité de député est désormais ouverte aux faibles revenus ce qui conduira à la création du Labour Party.
La deuxième, en1911, sera la perte de la gestion du budget par la chambre des Lords au profit de la chambre des communes ; en contrepartie, les Lords disposeront d’un simple droit de retardement de procédure. C’est le Parliement Act.